La connaissance des niveaux de pesticides dans le bassin d’Arcachon (et plus particulièrement dans l’intrabassin) reste parcellaire. Des études spécifiques ont permis de mettre en évidence la présence d’un certain nombre de molécules phytosanitaires, principalement des herbicides et des molécules «anti-salissures». Ces études limitées dans le temps ont montré l’importance d’une fréquence d’échantillonnage élevée afin de pouvoir suivre l’évolution de la contamination des phytosanitaires dans le temps et la nécessité de réactualiser en permanence la liste des molécules suivies.
Le Réseau Pesticides du Bassin d’Arcachon (REPAR), au travers de l’action 2 se propose donc de suivre de façon spécifique et régulière au cours de l’année une liste de molécules phytosanitaires remises régulièrement à jour en fonction de l’évolution des usages.
Les résultats présentés dans ce rapport sont les données obtenues sur la première année de suivi du réseau REPAR. Dans ce cadre, une centaine de molécules correspondant aux usages identifiés sur le Bassin d’Arcachon et son bassin versant ont été suivies.
Les concentrations observées dans l’intrabassin sont globalement plus faibles que celles retrouvées dans les tributaires. La Leyre a été identifiée comme étant le vecteur majoritaire d’apport de pesticides vers le Bassin d’Arcachon, elle apporte en moyenne 835 g.j-1 de pesticides, soit plus de 90% des pesticides introduits dans le Bassin.
Cette première année de suivi a également permis de mettre en évidence les variations des profils de contamination des pesticides au cours des saisons. Un premier pic de concentration est observé durant la période printanière, essentiellement due à l’usage agricole du métolachlore. Un deuxième pic de concentration en période hivernale est également observé. Ce pic pourrait être du au relargage de métolachlore de la nappe phréatique vers les tributaires et le Bassin d’Arcachon.
Les pesticides les plus présents dans les tributaires et l’intrabassin étant le métolachlore et ses métabolites, l’agriculture peut être identifiée comme la source principale de pesticides dans le Bassin d’Arcachon. La deuxième source clairement identifiée de pesticides dans le bassin d’Arcachon est une source interne au Bassin, le nautisme. Il contribue via les peintures antisalissures à l’apport de molécules telles que l’irgarol, le diuron, le DSMT... La présence de molécules telles que l’imidaclopride laisse également suspecter une source domestique de pesticides.
L’approche chimique doit donc être couplée à une approche écotoxicologique afin de pouvoir conclure sur l’impact toxique potentiel des pesticides. En effet la concentration d’une molécule dans l’environnement ne peut pas directement corréler à un effet toxique.
H. Budzinski; N. Tapie et A. Belles (Université de Bordeaux 1 - UMR EPOC - LPTC)
Université de Bordeaux 1, SIBA, Agence de l'Eau Adour-Garonne