A la suite des travaux de dragage et de ré-ensablement menés pendant l’hiver 2003 sur le littoral du Pyla (1,1 Mm3), un suivi des peuplements benthiques a été réalisé aux printemps 2003 et 2004. Des travaux d’entretien (150 000 m3) ont été programmés pendant l’hiver 2005, puis l’hiver 2007, l’hiver 2009 (106 800 m3) et enfin lors des hivers 2010, 2012, 2014, 2016, 2018, 2020 et 2022 (152 469, 156 751, 153 000, 158 400, 144 000, 170 000 et 183 000 m3 respectivement). La campagne de prélèvements de 2023 (= cette étude) ne peut donc être considérée que comme un bilan d’une succession de travaux 22 ans après l’étude sur l’état initial des peuplements benthiques.
- Sur le Banc de Bernet et le Chenal du Pyla, il apparaît d’une part que la différence entre état initial et états post-travaux, en termes de peuplements de la macrofaune benthique, est visible mais d’autre part qu’il existe un large noyau d’espèces caractéristiques des sables moyens qui restent présentes et permettent d’estimer que l’impact des travaux sur la macrofaune benthique est de faible durée et de faible intensité. Par ailleurs, sur l’ensemble des années, aucune différence n’a été relevée en termes d’abondance, de biomasse et de richesse spécifique, entre l’état des peuplements 4 mois après les travaux et celui 16 mois après, la variabilité interannuelle l’emportant. En revanche, la biomasse de la macrofaune sur Bernet et le chenal du Pyla affichent depuis 2003 une légère diminution, ainsi que la richesse spécifique sur Bernet. De plus, les espèces de la mégafaune, mactres en tête, ont été impactées par les tout premiers travaux, sans retour à l’état initial, ce qui se traduit par une baisse globale de l’abondance de la mégafaune entre 2003 et 2023 (mais pas de la richesse spécifique).
- Sur l’estran du Pyla, des années particulières « ressortent », comme en 2005, 2010 et 2011, en relation avec un recrutement de coques et/ou de moules, sans succès d’installation. 2023 est une année pauvre pour l’estran (abondance, biomasse, richesse spécifique). Si aucune différence n’a été relevée en termes d’abondance, de biomasse et de richesse spécifique, entre l’état des peuplements 4 mois après les travaux et celui 16 mois après, une légère diminution de la biomasse au fil des années est constatée dans le temps depuis 2003.
- Un suivi saisonnier des récifs d’hermelles a été initié en 2010. La recolonisation après ensevelissement (travaux d’engraissement) est rapide et suit l’érosion (les rochers sont rapidement recolonisés lorsque le sable s’en va et qu’ils découvrent). Après le dépôt de sable, les valeurs de surfaces recouvertes par les hermelles est faible (<25 m² pour les 12 épis) et ne cessent d’augmenter pour dépasser parfois les 100 m². La plus faible valeur observée correspond néanmoins à l’automne 2011, caractérisé par des destructions de récifs par les pêcheurs (recherche d’appâts). D’une manière générale, les différences de recouvrement par les hermelles entre les années avec et sans travaux hivernaux sont bien visibles le printemps suivant les travaux (facteur x2) mais disparaissent dès l’automne.
Xavier de MONTAUDOUIN, M. RHEINHEIMER, Nicolas LAVESQUE, L. COSTES (UB - UMR 5805)
Université de Bordeaux (UB), Syndicat intercommunal du Bassin d'Arcachon (SIBA)