Suite aux proliférations d’algues vertes dans le Bassin d’Arcachon au début des années 1990, une étude a été lancée en 1992 sur 2 ans. L’étude porte uniquement sur l’algue Monostroma obscurum.
La première partie est consacrée aux facteurs du milieu influant sur la croissance alguale : météorologie, flux de nutriments entrant dans le Bassin, circulation des eaux dans le Bassin.
Concernant les nutriments, la grande majorité de l’azote (N) (80%) est apportée par les cours d’eau, puis par les apports atmosphériques via les pluies (12%) et le ruissellement urbain (5%). Les quantités d’azote minéral apportées par les cours d’eau se sont notablement élevées en l’espace de 20 ans, en lien avec l’expansion de l’agriculture intensive dans les bassins versants. Les flux de phosphore (P) restent dans l’ensemble peu importants. Ainsi, on obtient des rapports N/P des eaux des rivières élevés. Par ailleurs, les conditions physico-chimiques et biologiques à l’intérieur du Bassin favorisent le recyclage de l’azote et du phosphore contenus dans les tissus des végétaux aquatiques lors de leur décomposition. On observe également un relargage non négligeable de nutriments par les sédiments.
La seconde partie fait la synthèse des données sur la physiologie de l’espèce ciblée. Elle contient également la description de la prolifération de Monostroma dans le Bassin (distribution et évolution temporelle de la biomasse). Il semble que l’espèce concernée par les proliférations soit apparue récemment dans le Bassin d’Arcachon. Elle est de type opportuniste. Les secteurs de plus fortes concentrations d’algues apparaissent globalement inchangés d’une année à l’autre et localisés dans la partie Est à Sud-Est du Bassin. La production annuelle est évaluée à 7 600t en poids sec avec une valeur maximale en été.
Le ramassage des algues permettrait à la fois de réduire les nuisances que les algues occasionnent et de limiter les processus d'auto-entretien du phénomène mais le rendement de ces opérations reste mauvais (coût et temps importants). La réduction des apports azotés pourrait limiter le développement des algues. Toutefois, en raison de la forte compétitivité de cette espèce, on peut se demander si une telle réduction n’affecterait pas en priorité les espèces végétales moins performantes, par exemple le phytoplancton qui alimente les huîtres.
Isabelle Auby, François Manaud, Danièle Maurer et Gilles Trut (Ifremer - Arcachon)
SIBA; Région Aquitaine; Conseil Général de Gironde; Ifremer; Cemagref, SSA, SABARC